Définition de l’illectronisme
L’illectronisme est « la situation d’une personne qui ne maîtrise pas les compétences nécessaires à l’utilisation et à la création des ressources numériques ».
Ce néologisme né de la combinaison des notions d’illettrisme et d’électronique est entré dans le Larousse en 2020. Il renvoie aux fractures numériques qui touchent prêt d’un quart de la population française. Il existe différents types de profils en situation d’illectronisme : ceux qui ne savent pas se servir des outils numériques (ordinateurs, smartphones, etc.) et ceux qui ne sont pas à l’aise avec les environnements numériques, les interfaces et le web (remplir des formulaires en ligne, acheter sur un site web, etc.).
Dans une société où le numérique prend de plus en plus de place, l’acquisition de compétences informatiques est devenue nécessaire et indispensable pour exercer sa citoyenneté et pouvoir profiter de nombreux services. Mais pour une part importante de la population, il y a de nombreux freins à l’acquisition de ces compétences : ces freins induisent des difficultés dans l’utilisation d’outils numérique et engendre ce qu’on appelle les fractures numériques.
Ce problème a également pris une place importante dans le domaine administratif. On l’observe notamment depuis la dématérialisation de bon nombre de démarches publiques. Mais aussi dans la vie quotidienne de toute la population. La nécessité de recourir à Internet se substitue dans de nombreuses situations aux traditionnelles interactions en présentiel : chercher un emploi, garder le contact avec sa famille, etc. Le numérique s’impose comme une quasi-obligation et laisse de côté de nombreuses personnes. L’illectronisme ne touche pas que les personnes âgées ou les zones blanches, il n’y a pas une fracture numérique mais des fractures numériques, et tout le monde peut être victime de ce phénomène.
Qui est touché par l’illectronisme ?
En 2020 , 19% des Français sont conscient d’être victimes d’illectronisme et subissent les effets des fractures numériques. Selon une enquête commandée par le Sénat, la France est à la 15ème place au classement de l’accessibilité numérique en Union Européenne. Si l’illectronisme touche tout le monde, les premiers à subir les exclusions numériques sont les personnes qui n’ont pas grandi avec le web ou n’ont pas participé à l’émergence du web. Pour ceux qui découvrent tardivement le numérique et Internet, l’afflux d’informations et de connaissances nécessaires à leur utilisation semble insurmontable à appréhender. Ce qui génère un sentiment d’abandon et accentue l’exclusion numérique.
Comme évoqué précédemment, dans le spectre de l’illectronisme, il y a un distinguo à opérer entre les personnes qui ne savent pas utiliser les outils numériques et celles qui ont du mal à s’en servir. Cette forme d’exclusion a été davantage mise en avant lors des confinements que nous avons vécu : beaucoup de personnes ont dû télé-travailler. Ce changement de situation a entrainé de nombreuses complications et un sentiment de mal-être de la part des personnes éprouvant déjà des difficultés avec le numérique.
Perte de productivité, difficultés à communiquer et à collaborer avec leurs collègues, ces phénomènes sont corrélés aux lacunes en informatique. Les métiers évoluent rapidement, l’utilisation de l’informatique prend de plus en plus de place dans nos quotidiens, et cela entraine une exclusion involontaire des personnes qui ne maitrisent pas ces outils. De plus, viennent s’ajouter à cela les problèmes d’accessibilité physique. En effet, certains handicaps comme la malvoyance nuisent à l’utilisation d’Internet et imposent des conditions particulières de navigation. Penser à ces personnes en situation de désavantage numérique est donc un sujet essentiel qui concerne en premier lieu les concepteurs et développeurs de sites et d’applications, mais aussi le grand public qui gagne à être sensibilisé sur ces sujets.
L’accessibilité financière représente également un frein pour une bonne partie de la population car le matériel informatique n’est pas accessible à tous et représente un budget important. Les périodes de confinement et de télétravail ont permis révéler de véritable inégalités qui vont accélérer la prise en compte de cette problématique par l’Etat et des associations, et devrait permettre la mise en place de changements devenus primordiaux.
Comment sensibiliser à la problématique de l’illectronisme ?
Depuis plusieurs années, le travail d’informations et médiation opéré par de nombreux acteurs permet de lutter contre l’illectronisme, mais ce sujet reste insuffisamment connu du grand public. Les dommages causés par cette forme d’exclusion passent souvent inaperçu, il est donc important de ne pas fermer les yeux et exclure davantage un nombre important de personnes.
Pour améliorer l’accessibilité numérique, tout les acteurs de la création d’un site web ou d’une application doivent se sentir concernés, de l’UI Designer au Développeur et aux commanditaires des sites. En formant et sensibilisant les prochaines générations à ce sujet, penser à l’accessibilité pourrait devenir un reflexe. Il faut encourager et suivre l’exemple du gouvernement qui souhaite rendre accessible l’ensemble des sites institutionnels français. En effet, initier son prochain aux rudiments d’Internet et du numérique est accessible à tous : de nombreuses associations forment les personnes en situation d’illectronisme. Mais pour cela il faut prendre conscience de cette forme de handicap qui peut être dépassé.
Si chaque personne contribue à remédier à ce problème, l’illectronisme et les fractures numériques pourront se résorber.
Pour en savoir plus sur l’illectronisme et d’autres problématiques d’accessibilité numérique, vous pouvez consulter le site d’information Le Fil d’Ariane (codeur.online)